- Gaucho a écrit:
- Tu te donnes le beau rôle facile. C'est facile d'agréer, alors que la critique demande plus d'implication de soi et souvent de courage.
Le seul fait de parler donne une certaine illusion (d'être actif ou de ne pas l'être), alors que, en fait, il ne nous informe pas beaucoup.
Les personnes qui s'impliquent dans leurs tâches préfèrent passer du temps à ces tâches plutôt qu'à en parler. [= le danger d'être trop connu est d'inciter les gens à regarder et à juger plutôt qu'à agir]
Maintenant, si vous voulez que je cite des points moins positifs de la démocratie (rien n'est parfait ; sans pour autant que je n'encourage diverses formes de totalitarisme), je veux bien essayer. Il y a matière aussi.
Prenons par exemple le signifiant "extrêmiste". Qu'est-ce qu'un extrêmiste ? une personne qui a des pensées (croyances et idéologies, notamment) radicalement divergentes et qui les applique radicalement (genre un islamiste). Une personne qui applique déjà ses propres pensées avec elle-même est déjà un tant soit peu radical. Ce radicalisme devient plus saillant quand il est emprunt d'expansionnisme (imposer aux autres ces mêmes pensées). A priori, il est moins toléré par les personnes vantant les mérites de la démocratie. Yes, but...
Pourtant, l'une des pensées très ancrées dans la démocratie est "l'égalité des chances" (il y a aussi l'égalité des sexes [égalité salariale, égalité juridique], etc.). [On parle de l'égalité des chances d'accéder à une formation, puis à une job.] Pourtant, derrière cette idée bienveillante, se cache un certain radicalisme, qui devient saillant [apparent / illustré / évident] quand des personnes rejettent [de manière réactionnaire, défensive, presque spontanée] l'idée, proposée par d'autres personnes, d'une répartition [des biens, par exemple] autre, différente que la répartition par l'égalité (ou par l'équité). Indépendamment du bien fondé ou non de cette égalité, le radicalisme est bien présent dans notre démocratie suisse.
Faut-il pour autant rejeter les idées de démocratie juste parce que ses détracteurs brandissent le haro d'un radicalisme ?
Un autre risque de la démocratie est la banalisation des actes, des faits (et des biens matériels), puis, par conséquent, la perte de discernement des valeurs (diverses) que l'on peut attribuer à ces actes, à ces faits (et à ces biens matériels). Les détracteurs de la démocratie argueront que la démocratisation de la vente d'alcool chez les jeunes (les commerces ouverts tard, les vendeurs qui ne demandent pas la pièce d'identité alors qu'ils en ont l'obligation, l'alcool qui se vend partout, non seulement dans les magasins fixes mais aussi dans les trains, dans les hôtels, etc.). A l'opposé, on montrera les effets de l'interdit (pas pédagogique pantoute ! les jeunes peuvent faire des expérience, le meilleur moyen de résister à une tentation est d'y succomber (dixit Oscar Wilde), les interdits renforcent la tentation, etc.).
Au fond, dans le paragraphe précédent, que l'on soit d'un bord ou de l'autre, on discute de la démocratie en tant que méthode pédagogique et non en tant qu'état. Au fond, ne devrait-on pas discuter de la démocratie justement en tant que moyen/outil pédagogique (social et politique) ? et non en tant qu'état ou que système (fixe, figé)...
- Titoine19 a écrit:
- Ce sont ceux et celles qui ont l'argent qui ont le pouvoir.
Ils n'ont du pouvoir parce que du monde attribue de la confiance à l'argent.
Regarde simplement à quoi est éduqué le monde : à trouver une job au gros salaire. Parmi les arguments des annonces d'emploi : le big salaire. Parmi les arguments de vente : le low cost. A se demander si vouloir maximiser le pouvoir d'achat n'est pas une erreur carrément économique... (en plus d'être une horreur écologique) Pourtant, certains investisseurs savent bien qu'il ne faut jamais miser tout sur une seule carte. Genre... si un tit-cul ne peut se passer de chocolat ou de poutine, son papa chéri peut faire deux erreurs : lui en donner quand il veut OU abuser de la situation ("si tu fais pas ça, t'auras pas de choc' ni de poutine !"). Dans ce dernier cas, papi a le pouvoir car tit-cul attribue [investis ] de la confiance en le chocolat et/ou la poutine.
Donc le problème n'est pas que l'argent, mais toute entité à laquelle on donne le rôle de monnaie d'échange (l'argent, ou la poutine), y compris les situations, les relations, les contrats, les secrets, les compétences, les vies. Toutes ces entités, de toutes natures, peuvent être tenues en otage.
A ce propos, deux choses : on fait miroiter que l'argent amène la liberté car on peut tout acheter avec. Mais... au final, on ne peut échanger un bien que contre de l'argent... où est passée la liberté ???
L'autre chose à dire, c'est que, dans une relation durable, il y a forcément échange (d'argent, d'amour ou d'eau fraiche...). Il y a donc toujours le risque que l'objet d'échange soit pris en otage : "J'te donne plus d'argent de poche si tu ... ", "Je vais tout dire à police si tu ... ", "Après tout ce que j'ai fait pour toi, ... ", "Si tu ne le fais pas, c'est que tu m'aimes pas, c'est que tu ne me fais pas confiance.", etc.
Mais, au final, limiter l'auto-détermination d'autrui (par cette prise d'otage, par la menace), c'est limiter sa propre auto-détermination. Pour chercher ses propres limites ?
Pour en revenir à la démocratie, on peut voir celle-ci comme une recherche pédagogique, une recherche sans fin d'équilibres, changeants, entre les extrêmismes/radicalismes. Comme si, à certaines périodes, il fallait interdire de fumer du cannabis, à d'autres périodes l'autoriser, adapter les lois concrêtes aux comportements, un peu comme dans une classe d'école.
[Okay... l'exemple du cannabis n'est pas le meilleur exemple.]
On peut aussi développer en mettant autre chose au centre : les rapports d'autorité (dans la démocratie). En bref, entre deux personnes, on cherche plus ou moins un équilibre d'autorité mutuelle. Un trop grand déséquilibre écarte l'autorité (la domination, l'influence) et la soumission. Mais une fois un équilibre d'autorités mutuelles trouvé, si celles-ci sont trop élevées, la tension est élevée. Si celles-ci sont trop basses, ça vire à l'indifférence (ça ne me fait ni chaud ni froid). Est-ce que ça vous fait chaud, froid ou rien du tout si les citoyens n'élisent pas directement le président (mais les députés qui l'éliront) ? est-ce que ça vous fait chaud, froid ou rien du tout si on a tellement développé les interactions (économiques, politiques, sociales) qu'un événement basculant peut provoquer une avalanche ?
- Titoine19 a écrit:
- Et pour Haïti, pourquoi ce pays est-il en ruine justement ? Pourquoi est-ce qu'il y a eu des inondations ? Un séisme(pis WTF Haïti dans une zone d'activité sismique ??) ? Pourquoi la pauvreté existe-t-elle dans ce pays d'esclaves ?
Pour des raisons physiques, biologiques, climatiques, géographiques, géologiques, il n'y a pas partout le même climat. Les différences d'environnement climatique et biologique sont aussi un facteur de différenciation des cultures (aux sens agraire et ethnologique du terme). Je crois me rappeler que l'idée de départ de la démocratie était d'accepter les différences, non seulement pour des raisons sociales et sociologiques, mais - on s'en rend compte maintenant - aussi pour des raisons écologiques et économiques.
Cela dit, je ne dis pas "Y z'avaient qu'à pas habiter Haïti !". On peut toutefois se demander s'il est raisonnable, viable et utile de vouloir conquérir (et déboiser) toute la surface de la planète.
Et dire que, aux États-unis, les tea parties ont viré à l'anti-Obama-ïsme primaire, à l'antisocialisme primaire... shit !
Drôle, je suis justement en train de commencer un livre où ça jase de comment certains se prépareraient à protéger le capitalisme (contre ses détracteurs). ça commence par des bons arguments réalistes, mais qui seront utilisés (sophismes...) pour "démontrer" des conclusions plutôt sélectives (aux mêmes conséquences que les formes d'eugénisme). Genre : "Laissons-les pourrir, puisque sinon ils vont consommer comme nous. Donc, c'est écologique que de les laisser pourrir..." Ouais... faut prendre du recul face à ce genre de bouquin, naviguer entre les théories du complot et le je-m-en-foutisme. Il est aussi confortable d'utiliser les arguments conspirationnistes ("Ils préparent ça !") que de ne pas se poser de questions ("Anyway, on va tous mourir de kekchoz, y compris la terre...").
Stie, j'ai discouru comme jamais.
Shokin